Faites vos jeux...
Las Vegas, temple
du jeu, cité de tous les vices où le spectacle est roi, semblait toute indiquée
pour accueillir la dernière partie de poker menteur avant le jour J des
élections.
Avant d’analyser
le débat, rappelons les derniers développements de la campagne présidentielle.
Le second débat
avait eu lieu dans un contexte électrique, quelques jours après la divulgation
de la fameuse vidéo où Donald Trump se vantait d’utiliser son statut de
milliardaire célèbre pour forcer les femmes, y compris mariés, à coucher avec
lui. « I can do anything, I grab them by the pussy » (je peux faire
ce que je veux, je les attrapes par la chatte).
Le débat qui s’en
était suivit ne fut qu’une suite d’attaques, souvent puéril, que j’ai décrit
dans mon article précédent. La question en suspend concernait l’impact de ce
débat sur la campagne de Donald Trump et sa chute dans les sondages.
La réponse semble
clair : la chute de Trump s’est ralentie suite au débat, probablement
parce que sa base électorale ne s’est pas émue du scandale provoqué par la
vidéo et s’est trouvée énergisée par les attaques portées par leur champion
vis-à-vis d’Hillary. J’en veux pour preuve les discussions entretenues avec mes
collègues républicains, parlant de « propos de vestiaires » que la
plupart des hommes tiennent de temps en temps entre eux, et fustigeant Clinton
la criminelle qui « devrait être en prison ».
Néanmoins, le
groupe d’électeur « indécis » diminue de plus en plus et tant à se
ranger du côté de Clinton, ce qui explique la chute ralentie mais constante de
Trump dans les sondages (on y reviendra).
Dans les jours
qui ont suivi le débat, plusieurs femmes ont accusé publiquement Trump
d’agression sexuelle. Ces accusations ont occupé une place centrale dans le
champ médiatique, les supporters de Trump parlant de mensonges diffamant,
s’étonnant que ces accusations portant sur des faits vieux de plusieurs années
ressurgissent comme par hasard au terme de la campagne, tandis que les féministes les justifiaient en s’appuyant sur
les difficultés auxquelles les femmes victimes d’agression sexuelles doivent
faire face lorsqu’elles décident de prendre la parole.
Plus que les
faits (potentiellement grave), c’est la façon qu’a eu Trump de les combattre
(allant jusqu’à dire « non mais vous les avez regardées ? ) qui a
entretenu le ressenti négatif à son égard.
Pendant ce temps,
la campagne de Clinton, particulièrement bien huilée, a concentré ses attaques
sur Trump et ses propos dégradant. Michelle Obama s’est impliquée
personnellement, délivrant un discours particulièrement émouvant
dans le New Hampshire qui m’a véritablement touché. Elle se place du point de
vue d’une mère et pose la question « quel individu voulons-nous à la tête
du pays pour donner l’exemple à nos enfants ». Elle cite un garcon de six
ans ayant dit à sa mère en regardant la télévision « celui-là ne sera pas
président, il a traité quelqu’un de « cochonne » à la télé »
(piggy, un terme utilisé par Donald Trump lorsqu’il parlait d’une actrice).
Michelle Obama apporte ainsi un argument particulièrement pertinent qui dépasse
les polémiques et replace dans le débat des questions qui, en d’autres circonstances,
seraient jugées comme peu importantes en politique.
De son côté, et
alors que ses soutiens s’effritent de plus en plus, Trump a commencé à s’en
prendre ouvertement au système. Taxant le système médiatique de vendu (n’est-ce pas pourtant lui qui se vantait publiquement de le manipuler à son
avantage il y a six mois ?) et soutenant que les votes eux-mêmes étaient
truqués, allant jusqu’à accuser les bureaux de vote de faire voter des morts
(dans certains Etats, le vote par procuration est déjà ouvert). Ces accusations
entretiennent la théorie d’un complot du système contre les américains, avec un
certain succès auprès des électeurs radicalisés qui pourraient, à termes, créer
des problèmes sérieux dans la société américaine.
Cette vision est encouragée
par un climat particulier. Les emails du
directeur de campagne d’Hillary, obtenus illégalement par Wikileaks suite au
piratage orchestré par le Kremlin, n’aident pas à inspirer confiance au public.
Hillary continue d’apparaitre comme une politicienne sans scrupules. Surtout
après les révélations récentes du New
York Times concernant un officier du FBI ayant fait preuve de complaisance lors
de l’investigation du scandale des emails de Clinton.
Nous avons donc d’un
côté Trump, se plaçant comme victime d’un système impitoyable qui chercherait à
le trainer dans la boue, à détruire sa famille et priver les américains de leur
libertés (je le paraphrase à peine), et de l’autre Clinton, seule candidate
capable d’endosser les fonctions présidentielles et unique rempart contre
l’indécence et la barbarie de Donald Trump (selon Michelle Obama).
Côtes et probabilités
Le fameux
baromètre du New York Times reflète la lente mais continue glissade de Donald
Trump, désormais donné perdant à 9 contre 1 (92 % de chance de victoire pour
Hillary).
L’impressionnante
remontée de cette dernière (qui pointait à 65% ou 2 contre 1 la vieille du
premier débat) reflète des sondages de plus en plus accablants pour le
milliardaire républicain. Sur le plan national, il est donné en moyenne à 8
points de retard, un véritable gouffre à
trois semaine des élections et alors que certains Etats enregistrent des
bulletins de vote depuis déjà quinze jours. Mais c’est principalement dans la
course aux grands électeurs (pour rappel, les élections américaines
s’effectuent au suffrage indirect, ce qui importe au final c’est de remporter
les Etats) que Clinton à l’avantage. Les fameux swing states lui prêtent presque
tous une légère avance (de 1 à 4%) alors que certains bastions républicains
sont menacés de basculer côté démocrate.
L’Uta, pays des
mormons et de la morale, en fait partie. Les conséquences de la fameuse vidéo
qui a conduit l’Eglise mormone à soutenir un troisième candidat. Du jamais vu.
Plus proche de
moi, un sondage publié mardi par l’Université de Houston pointe Clinton à
seulement 3% derrière Trump dans l’Etat du Texas. Obama avait perdu cet Etat
par 13%, Bush l’avait gagné avec 24% d’avance. Le Texas sur le point de
basculer démocrate, du jamais vu depuis 1986 !
Rien n’est encore
joué, les sondages peuvent se tromper et de nombreux Etats sont encore dans un
mouchoir de poche. Mais certains signes portent à croire que l’on pourrait
assister à une large victoire d’Hillary
Clinton.
Le parti Républicain
semble avoir d’ores et déjà concédé l’élection, reportant ses efforts sur les
élections parlementaires (qui ont lieu le même jour, simultanément), tandis que
la campagne de Clinton oriente ses ressources vers des Etats auparavant jugés
imprenables (comme l’Arizona) afin d’essayer de faire basculer le sénateur en
place.
La théorie qui
voudrait que les électeurs de Trump se mobilisent d’avantages que ceux
d’Hillary est en train de s’inverser. Les Démocrates, de plus en plus horrifiés
par les propos de Trump, risquent de se rendre plus massivement aux urnes que
les électeurs Républicains désabusés. Avec comme dommage collatéral possible la
perte de la majorité au sénat pour les Républicains.
Dans ce contexte,
le débat de Las Vegas s’annonçait comme la dernière chance de Trump. A priori,
Clinton n’avait qu’à éviter toute gaffe majeur pour s’assurer de la victoire finale.
Chris Wallace, le journaliste vedette de la très controversée chaine de
télévision ultraconservatrice Fox News, allait
jouer le rôle d’arbitre de ce dernier face à face.
Rien ne va plus.
Pour couronner
cette campagne surréelle, je me suis de nouveau rendu dans le bar/patio où
j’avais regardé le second débat. Une foule encore plus compacte, jeune et
Démocrate s’était rassemblée dans le gigantesque patio. De nombreuses jeunes
filles venues avec leurs chiens ont passé le plus clair du débat à prendre des
selfies et parler de leurs animaux de compagnie respectif, ce qui provoqua un
certain bruit de fond et rendit inaudible une partie des propos de Trump lors
des premiers échanges. Les encouragements de la foule et applaudissement ont
masqués certains points critiques.
Mon impression
initiale pourrait se résumer en une victoire sans appel d’Hillary, mais bien
conscient de la nature biaisé de mon ressentis, je me suis forcé à lire la
retranscription complète du débat le lendemain. Ce qui suit constitue donc mon
point de vue à la lumière de ces deux expériences.
Un mot sur l’audience et le modérateur
Lors des
principaux débats des primaires, en particulier du côté républicain, l’audience
présente sur le plateau télévisé pouvait participer, sous la forme
d’applaudissement ou de cris. Ce qui donnait lieu à des effets comiques, et
avait permis à Trump de désarmer voir
ridiculiser ses opposants en s'appuyant sur les réactions du public.
Lors des débats
présidentiels, l’audience est sommée de rester silencieuse. A chaque débat, les
modérateurs ont commencé par rappeler cette règle d’or, règle qui fut néanmoins
transgressée à plusieurs occasions. Cette soirée ne fit pas exception, le
modérateur intervenant à trois reprises pour rappeler les spectateurs à
l’ordre. Ce qui prouve bien la contradiction stupide qui consiste à inviter une
audience tout en lui interdisant de participer.
Le modérateur
jouait gros : sa crédibilité vis-à-vis de sa profession (les journalistes
de Fox News étant rarement pris au sérieux) et celle de sa chaine. Force est de
constater qu’il s’en est très bien sortis. En particulier, il a interrogé les
candidats de façon impitoyable, faits à l’appui et rappelant systématiquement à
l’ordre les candidats lorsqu’ils tentaient d’éluder une question. Mon principal
reproche concerne les thèmes choisit. Rien sur le réchauffement climatique et
l’environnement, rien sur la santé. Malgré tout, sa prestation a surement contribué
à la qualité supérieure de ce débat.
Place au débat...
1)
La cour suprême et la constitution
Un sujet vaste et
ennuyeux mais capital : aux Etats-Unis, la cour suprême, garante de la constitution,
est formée de 9 juges nommés à vie par le président et le sénat.
Historiquement, cette cour a toujours été à majorité républicaine, mais depuis la mort du juge républicain Mr
Scola, il y a un siège vacant qui sera remplacé par le vainqueur de la
présidentielle. Si Clinton l’emporte, la cour suprême passera
potentiellement à 5 démocrates pour 4 républicains, ce qui
permettrait, en premier lieu, de faire passer le plan anti réchauffement
climatique ambitieux proposé par Obama et rebuté par le congrès républicain. Une affaire qui nous concerne tous, donc,
Dans ce contexte,
les candidats devaient exprimer leurs positions vis-à-vis de la constitution,
de la cour suprême puis sur deux sujets sur lesquels la cour suprême a eu à
trancher dans le passé récent : les lois sur le contrôle des armes à feux
et sur le droit à l’avortement.
Personnellement,
j’ai trouvé Trump brouillon et simpliste, Clinton excellente. Sur
l’avortement, elle a prononcé deux tirades particulièrement convaincantes, se
portant en héraut du droit des femmes et témoignant d’une réelle empathie
envers les mères contraintes à l’avortement, tout en matraquant l’idée (chère aux républicains) que l’Etat Fédéral n’avait aucun droit d’intervenir dans la
décision aussi intime.
Les cris de joie
de l’assistance (du bar, pas de la TV), en particulier des jeunes femmes, fut
assez émouvant.
Cependant, sur
les armes à feux et la cours suprême en général, Trump a pu articuler très
clairement sa positon conservatrice, conduisant les observateurs à penser qu’il
avait débuté le débat en force.
2)
L’immigration
Clinton passe à
l’offensive, attaque Trump personnellement (« vous n’avez pas osez parler
de votre mur lors de votre visite au président mexicain ») et au niveau
des idées avec la proposition de déportation massive d’immigrés, parlant de bus
et de trains remplis de gens arrachés par les forces de l’ordre dans les écoles
et les entreprises avant de conclure que cette vision ne correspondait pas à
l’identité de l’Amérique. Elle marque des points mais Trump ne se défile pas,
et rétorque que Clinton va régulariser tous les sans-papiers, ce qui va
encourager une immigration massive. Clinton lui répond que les immigrés
clandestins qui travaillent contribuent à la pression négative sur les salaires
des américains, avant de souligner avec brio que Trump a construit ses tours
avec de la main d’œuvre clandestine. Trump tic mais ne fléchit pas. Il balance la phrase ayant fuité de Wikileaks
où Clinton parle de son rêve d’un monde sans frontière.
Les choses
s’enveniment. Le modérateur en profite pour interroger Clinton sur cette
phrase. Elle bascule rapidement sur la Russie qui est responsable des piratages
informatiques et que Trump a encouragé au lieu de la condamner. Elle presse
Donald Trump de dénoncer les actions russes. Son revirement est parfait. Trump
le lui dit clairement : « joli pivot, mais je veux revenir à son
rêve de monde sans frontière ». Ironique car ce type de manœuvre constitue
la marque de fabrique du milliardaire (il s’en servira à deux reprises plus
tard dans le débat). Il ne lâche rien, attaque Clinton sur les frontières et
l’immigration massive, et en rajoute en l’accusant de nouveau d’avoir encouragé
les traités de libre échange qui auraient démantelé l’industrie américaine.
Le débat
s’échauffe, on s’interrompt… Le modérateur finit par revenir sur la Russie.
Trump :
« Poutine n’a aucun respect pour elle »
Clinton :
« c’est sûr qu’il préférerait avoir une marionnette comme président des
USA »
Trump :
« Pas de marionette. C’est toi la marionette ».
Pour la première
fois, Trump perd son calme et commet une faute après ce splendide coup droit
expédié par Clinton. Quelques minutes plus tard, il interrompt une réponse de
Clinton par son désormais célèbre « Wrong » qu’il faut avoir entendu
pour comprendre à quel point il provoque l’hilarité des spectateurs (en tout
cas, des démocrates autour de moi).
3)
L’économie
Sur ce sujet,
Trump est plus à l’aise et parvient à conserver son calme. Aidé par la vision
légèrement conservatrice du modérateur qui, par exemple, présente le plan de relance d’Obama comme un
raté. Clinton part avec un handicap lorsqu’elle doit expliquer (avec raison
selon les économistes) que le plan de relance a sauvé l’économie américaine.
Le
milliardaire bénéficie d’une tache plus
simple. Il fustige efficacement les
traités de libre-échange et les augmentations d’impôts de Clinton. Le
modérateur n’est pas tendre avec lui pour autant, taxant son projet
d’irréaliste.
Dans l’échange
qui suit, Clinton est de nouveau mise à mal sur ses anciennes positions
vis-à-vis du traité de libre-échange NAFTA et du traité en cours de négociation
avec l’Europe qu’elle a d’abord soutenu (comme en témoigne les emails de
Wikileaks) avant de le condamner (suite à la campagne des primaires contre
Bernie Sanders). Elle ressort de cet échange affaiblie.
Trump lui fait
tout de même un cadeau en l’attaquant de nouveau sur son bilan après trente ans
de politique. Hillary Clinton délivre une réponse qu’elle avait dû lire (comme
moi) sur un blog démocrate une semaine auparavant, mais néanmoins
redoutable :
« Dans les
années 70, je me suis battue contre la discrimination des enfants issues des minorités à l’école, pendant que Donald était traduit en
justice pour discrimination raciale dans son entreprise. Dans les années 80, je
me suis battu pour les réformes scolaires en Arkansas, pendant qu’il empruntait
14 millions de dollars à son père. Dans les années 90, je suis allé à Pekin
dire que les droit de l’Homme devait s’appliquer également aux femmes, et lui a
insulté une miss Univers, la traitant de machine à bouffer… »
Trump interrompt : « give me a break »
“… et le jour où
j’étais dans la salle d’opération à superviser la capture d’Oussama Ben Laden,
il animait l’emission de téle réalité « the apprentice ». Alors oui,
je serais heureuse de comparer nos trente dernières années. »
Ce coup d’éclat
inverse la tendance du débat qui semblait, selon les analystes, sourire à
Trump.
4)
La
capacité à être président
Voici le tournant
de la soirée.
Premier sujet
abordé, les fameux propos sexistes de Donald Trump. Clinton, visiblement inspirée par le discours de Michelle Obama,
se lance dans une longue tirade émouvante qui raisonnera sans doute beaucoup
dans le cœur de l’électorat féminin. De plus, elle apparait à cet instant
vraiment sincère, ce qui va surement aider les indécis à accepter l’idée
qu’elle devienne présidente.
Trump répond par
sa phrase célèbre « no one has more respect for woman than I do” qui force
le modérateur à intervenir pour rappeler au calme une audience emportée par un
fou rire incontrôlable.
Plus loin, Trump
renvoi un nouveau « wrong » au nez de
Clinton avant de se ressaisir, en faisant à son tour un joli pivot,
renvoyant Clinton à ses emails.
Le scandale de la
fondation Clinton met Hillary de nouveau
à mal, Trump s’engouffrant dans cette brèche pour faire des ponts remarquables
avec la situation au proche orient. Le Donald reste dans la course, bien qu’il
reconnaisse à demi-mots que sa propre fondation a utilisé de l’argent pour financer
des procès. Clinton lui renvoi un punch en parlant de l’auto portrait de six
mètres sur quatre que Donald avait acheté avec l’argent de sa fondation
caritative, avec des termes bien choisit « I mean, who does
that ! »
Trump résiste, en
remet une couche sur les scandales de Clinton et son incapacité à détruire ISIS
et puis…
Les jeux sont faits !
Interrogé sur ses
accusations concernant les élections potentiellement truquées, le modérateur
lui demande s’il acceptera, en cas de défaite, de reconnaitre la victoire
d’Hillary.
« On verra
selon les circonstances » dit-il.
Hillary délivre
une réponse particulièrement efficace « Je suis horrifié (…) à chaque fois
que Donald perd, il accuse le jeu d’être truqué. C’était le cas quand il a
perdu un Etat des primaires, quand son université a été jugé frauduleuse, et
même quand il a perdu l’Amy Awards de la télé réalité »
« j’aurais
dû la gagner » (l’amy awards) interrompt-il, sans parvenir à se maitriser…
Le
modérateur, incrédule, doit de nouveau
reprendre l’audience parti en fou rire, avec de demander à Trump de confirmer
sa position. Pour la première fois de l’histoire des Etats-Unis un candidat met
en doute la démocratie de son pays. On reviendra plus tard sur les conséquences
multiples de ses propos.
Trump profite de
l’audience qui vient d’applaudir la fin de la tirade de Clinton (nouveau rappel
à l’ordre du modérateur) pour riposter avec une attaque redoutable :
« et l’agent du FBI qui s’est entretenu
avec Bill Clinton à l’arrière du jet privé de votre campagne, en plein scandale
de vos emails… il faudrait en parler, je
veux dire, on a jamais vu ca ! »
L’audience
applaudit de nouveau. Le modérateur reprend la main en développant une nouvelle
question.
Trump
s’essouffle, et demande (c’est un comble !) qu’on se focalise sur les
questions politiques…
Ce segment entier
est particulièrement intéressant, de loin le plus captivant du débat.
5)
La politique étrangère
Trump,
visiblement mis à mal par les attaques de son adversaire, perd pied petit à
petit. Il interrompt souvent Hillary, souffle à deux reprises le mot
« wrong » au micro pendant que Clinton argumente des critiques à son
encontre et peine à développer des réponses claires pour contrer les positions
de cette dernière. Il essaye de reprendre pied en citant wikileaks :
« John
Podesta tient des propos très sévères à votre égard. Et Bernie Sander a dit que
vous manquiez de discernement (« bad judgment ») »
« Et bien
vous devriez demander à Bernie Sanders qui il supporte comme Président »
répond-elle du tac au tac (Bernie Sanders fait campagne pour Clinton dans les
swing state depuis plusieurs semaines).
6)
La dette
Le peu de temps
restant pour traiter ce sujet ne laisse place qu’à quelques échanges, mais
présente un dernier fait notable. Au sujet de la sécurité sociale,
Clinton explique qu’elle paye des impôts et que ses impôts vont devoir
augmenter pour compenser la hausse des coûts de la sécurité sociale « ainsi que ceux
de Donald, s’il ne parvient pas à échapper de nouveau à l’impôt » Trump
l’interromp : « such a nasty
woman ». Hillary poursuit comme si de rien n'était. Trump semble avoir perdu
son self contrôle, et cette remarque que l’on pourrait traduire par « qu’elle horrible bonne femme »
risque de lui coûter cher auprès de l’électorat féminin.
Conclusion du débat.
Chris Wallace ne
manque pas d’humour, et improvise une dernière question. Il propose aux
candidats d’expliquer en une minute pourquoi les américains devraient voter
pour eux. Hillary Clinton clos sur un message positif, optimiste, rassembleur.
Trump à l’inverse, mélange les propos alarmistes aux reproches adressés à son
adversaire avant de conclure par « on ne peut pas avoir 4 ans de plus
d’Obama, et avec elle, c’est ça qu’on aura ».
Petit hic, Obama
est à 53% d’opinions favorables, le plaçant parmi les plus populaires présidents
sortant de l’Histoire des Etats-Unis.
Les vainqueurs :
1)
Wallace
Le modérateur de
Fox News a posé des questions difficiles, sans compromis et sans lâcher ses
interlocuteurs. Il a tenu l’audience et la dynamique du débat, probablement
aidé par un Donald Trump qui semblait vouloir parler des sujets de fonds, pour
une fois.
2)
Clinton
Si Trump a signé
sa meilleure performance des trois débats (il partait de loin), Hillary Clinton
semble avoir réalisé le triplé. Grace a quelques sorties brillantes résumées
plus haut et par comparaison avec son adversaire qui a peu à peu perdu son
calme, ne parvenant plus à articuler aussi efficacement sa pensé et commentant de nombreuses erreurs de style,
comme nous venons de le voir.
Les perdants :
1)
Trump
Le candidat républicain
n’est pas parvenu à mettre sérieusement en difficulté son adversaire. Sa
première demi-heure lui a permis d’affirmer des positions très conservatrices
(sur les armes à feux et l’avortement notamment) qui devrait lui faire gagner
quelques votes républicains, mais son refus de reconnaitre la victoire de son
adversaire est un véritable coup de tonner qui devrait (normalement) refroidir
les centristes et conservateurs d’habitude très attachés aux principes
constitutionnels. Sans oublier le fait que cela va faire les gros titres
pendant une semaine et alimenter des centaines d’heures de couverture
médiatique négative à son égard, un mal dont sa campagne se serait bien
passé !
2)
Le partis Républicains
Le GOP risque de
devoir de nouveau s’expliquer sur les propos de Trump concernant l’élection, au
risque de perdre toujours plus de terrain dans les élections sénatoriales. Ne
pas condamner ses propos serait inexcusable aux yeux de la presse et du grand
public, mais risque de couter les votes de certains supporters de Trump.
3)
L’Amérique
La position
ambiguë de Trump et son potentiel refus de reconnaitre sa défaite risque de
provoquer des tensions, que ce soit le jour du vote ou lors des semaines qui suivront.
L’Amérique n’a pas fini de faire les frais de la candidature du Donald, quel
que soit l’issue des élections.
Vraiment intéressant, (comme les articles précédents). Merci pour ce reportage "live"...
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